A partir de différents outils de scénarisation, l'atelier a invité les participants à construire des scènes, c'est-à-dire à penser à leurs mécanismes dramatiques plutôt qu'à leur poésie ou leur propos. Ils ont développé ainsi leur sens de la scène et leur discernement, mais surtout ont désacralisé l'écriture en cessant de la percevoir comme un exercice intime et non négociable. L'auteur n'est pas touché par la grâce de l'inspiration: comme pour tout métier, il maîtrise un savoir-faire technique.
Devant l'entrée d'une prison, dans une voiture.
Le fils - Je ne peux pas.
La mère - Quoi ?
Le fils- Je ne peux pas venir avec toi.
La mère - Martin, on avait convenu...
Le fils - C'est en dessous de mes forces, je ne peux pas.
La mère - Fais un effort, s'il te plait. Je lui ai promis. Il veut te voir Martin. Il veut te voir une dernière fois. Ton père va mourir, Martin. Cela fait deux ans qu'il attend ce moment.
Le fils – Cela fait deux ans que je devrais être là à sa place.
La mère – Arrête. On avait décidé ensemble. On était d'accord.
Le fils- Tu lui diras, toi. Il t'attend. Allez vas-y. Tu ne peux pas me forcer. Ne me touche pas !
La mère sort fumer une cigarette, le fils reste seul dans la voiture. Il allume la radio. Elle revient à l'intérieur.
La mère – Allez, viens maintenant.
Le fils- Ne me touche pas!
La mère – C'était un accident, Martin! Fais le pour lui, tu sais comme il est gentil.
Le fils- Je te hais. Si tu savais comme je te déteste. Je te supporte plus, tu comprends? Tu m'entends?
La mère – Je t'en supplie, ne crie pas.
Le fils – Ecoute-moi bien. Je viens avec toi, je te suis pour la dernière fois. Après je te jure que tu n'entendras plus parler de moi.
Le fils sort de la voiture, claque violemment la portière et se dirige vers l'entrée de la prison.